21 avril 2011

Cseh Tamás : "Amikor Désiré munkásszálláson lakott" : chanson de la semaine #55

- à Trinity -

La chanson française au panthéon de la culture
La disparition marquante l'an dernier de Jean Ferrat, et une année 2011 rythmée par de nombreuses célébrations : Georges Brassens (1921-1981), Serge Gainsbourg (1928-1991), Gilbert Bécaud (1927-2001), Charles Trénet (1913-2001), Yves Montand (1921-1991) permettent de mesurer à quel point la chanson, ses auteurs, compositeurs et interprètes forment une composante essentielle de la culture française.

... et la chanson européenne ?

On peut supposer que la chanson populaire soit également un élément culturel important dans les autres pays d'Europe. Mais à l'heure où nous sommes rassemblés sous le même drapeau bleu cerclé d'étoiles dorées, que connait-on aujourd'hui du patrimoine de la chanson des vingt-six autres pays avec qui nous formons l'Union Européenne ?
Bien peu : le Concours Eurovision de la Chanson !
Ne peut-on espérer d'autre scène culturelle pour les musiciens et les artistes de la chanson en Europe ? L'une des raisons de cette méconnaissance, voir de cette ignorance, est certainement la barrière de la langue : vingt sept pays, soit vingt trois langues officielles, et cela sans compter de nombreuses autres langues, et dialectes régionaux.

La diversité est une richesse
Dans ce contexte, les bibliothèques, en tant qu'acteurs de la diversité culturelle, doivent plus que jamais contribuer à faire découvrir, en dehors des "musiques de consommation courante", les artistes dont les oeuvres ont marqué une époque, une génération, l'histoire d'un pays.

Cseh Tamás, le Brassens hongrois

C'est en lisant Hangtárnok, l'excellent blog de la bibliothèque musicale d'Eger (Hongrie) que nous avons découvert le chanteur Cseh Tamás (1943-2009). Une vidéo le montre jeune, dans les années 70, interprétant "József Attila". En consultant l'article de Wikipédia en langue Magyar (grâce à l'aide précieuse bien qu'imparfaite de Google Trad) on peut juger de l'importance de cet artiste et de la très grande estime dont il bénéficie encore aujourd'hui en Hongrie. Nous avons demandé à Trinity, la rédactrice du blog d'avoir la gentillesse de nous présenter une chanson de Cseh Tamás. Elle a choisi "Amikor Désiré munkásszálláson lakott" :



Mediamus : Pourrais-tu me dire en quelques mots pourquoi la chanson "Amikor Désiré munkásszálláson lakott" est importante pour toi. Quelle histoire raconte-t-elle ? Quel est le sujet de cette chanson ?


Trinity (réponse traduite de l'anglais) : Ce n’est pas si facile. Cette chanson fait partie du concept album Antoine és Désiré (1978) (Antoine et Désiré). C’est ma chanson préférée de l’album, parce qu’elle est ironique et drôle.
Cseh Tamás est un chanteur et un musicien qui a écrit des chansons avec Géza Bereményi dans les années 70. Géza Bereményi (1946-) est un réalisateur de cinéma hongrois, un écrivain et un très bon parolier. Les noms de Cseh Tamás et de Géza Bereményi sont étroitement liés à la culture de l’époque des années 70. Les deux artistes dans leur activité professionnelle subissaient alors le poids du système socialiste sous le régime de János Kádár. Leurs chansons sont comme le journal d’humeur de la vie quotidienne de l’époque.


Leur première chanson était “Az ócska cipő” (La vieille chaussure), la mélodie étant française alors Bereményi trouva les noms d’Antoine et de Désiré. Antoine et Désiré sont deux amis, c'est la métaphore d’une génération ayant deux choix déterminants : celui de l’intégration sociale ou de la dissidence et de la marginalité. A propos de ces deux personnages, la pochette intérieure du disque donne des indications biographiques précises afin de nous permettre de mieux les connaître : Désiré (c’est seulement son surnom) s’appelle en fait Dezső Balogh, il est né à Chemnitz en 1944 (la ville de République démocratique allemande avait été renommée Karl Marx Stadt entre 1953 et 1990). En 1946, sa famille retourna au pays. Il alla au Lycée à Budapest, puis il vécu ici et là. Dans la chanson, Désiré vit dans un foyer de travailleurs, il rencontre Antoine…

"Amikor Désiré munkásszálláson lakott" (Antoine et Désiré, travailleurs en résidence)
Cette chanson qui est la plus joyeuse de l’album décrit une aventure rocambolesque. L'histoire se passe dans la ville de Pécs, connue pour sa mine d’uranium. Des travailleurs en résidence hissent une femme appelée Ica à l'aide de draps noués par la façade de leur foyer jusqu'au 4ème étage pour l’accueillir dans leur chambrée et la gardent cachée à l'insu de la surveillance des gardiens de sécurité. Cette femme devient la seule femme de leur vie. Cet épisode burlesque est représentée dans le clip ci-dessous datant des années 80.

Varga Miklós - Munkásszállás


Amikor Désiré a munkásszálláson lakott

Néhány lepedőt összekötve
Leeresztettünk a földszintre
És egy Ica nevű nőt így húztunk fel

Felhúztuk Icát a negyedikre
Én, a Feri meg a Bíró Imre
A rendészek így nem láthatták meg

Örvendezett a munkásszállás
Megszűnt a nők utáni rohangálás
Végre szereztünk egy állandó nőt

Mondta is nekünk a Bíró Imre
Bátor nő, mert a negyedikre
Gyáva nő nem is merészkedne fel

És igaza lett az Imrének
Mert egy hét múlva a rendészek
Mikor lebuktunk,
megdicsérték Icát

Az még csak hagyján, hogy kibírta
Hogy egy emelet birtokolja
És az is hagyján,
hogy szekrényben élt

Ám az mégiscsak meghökkentő
Hogyan mászhatott fel egy
szegény nő
A munkásszállás legtetejére

[Nahát erre aztán tényleg
mondtuk nekik, hogy]

Néhány lepedőt összekötve
Leeresztettünk a földszintre
És szegény Icát mi így húztuk fel
[Huh!]

Így húztuk Icát a negyedikre
Én, a Feri meg a Bíró Imre
És egy szekrényben rejtegettük őt

Elvitték Icát a rendészek
Kit az emelet így becézett
Te vagy a legelső állandó nő itt

Szomorkodott a munkásszállás
Jöhet a nők utáni rohangálás
Elment az egyetlen nő, ki állandó